Des nouvelles du front
(dépressionaire)

Déjà un temps maussade nous avait fixé sur Gijon et ce n’est qu’au bout de quatre jours entre pluies et calmes qu’il ne fut enviseageable de lever le camp.

Avec 80 milles à parcourir , il fallait se lever tôt, dès potron minet, ou plutôt « pochetron » minet tant les quais étaient animés par de bruyants soulographes en ce matin de samedi 15 juin.

Dès 6 heures le cap était mis sur Ribadeo pour, au final, un long chemin de croix !

Il ne fallait pas être difficile sous peine de rester encore un moment à quai mais là, à peine sorti de la baie, il fallut affronter vents contraires et forte mer.
Au moins, avec un bon 25 Nds, la moyenne sous trinquette et grand voile haute était honorable quoique la route dut être zigzagante en plusieurs bords de près serré.

La sensation d’être une tranche de citron dans le shaker à cocktail ne fut pas des plus agréables, pas plus que de constater l’état sans dessus dessous de la bibliothèque de bord qui s’était répandue dans le bateau.

Une via Dolorosa qui ne prendra fin qu’en début de soirée dans le port bien abrité des vents d’ouest et fort bien aménagé de Ribadeo, bourgade bien plus opulente qu’un simple village de pêcheurs !

Il faut se rendre à l’évidence, vu la grève éhontée de l’anticyclone des Açores la technique va être  de jouer à saute mouton, par courtes étapes entre deux dégradations météo…

Ainsi les 30 milles jusqu’à Viveiro et son mouillage forain de toute beauté sont-ils avalés dans l’après-midi du dimanche en rasant la cote des Asturies.

Pour lundi, il faut de nouveau se lever tôt car il est annoncé une chute brutale du vent et de grosses pluies dès 13 heures .
Alors cap sur Cedeira, en embuscade pour la Corogne, dès que les conditions seront favorables.

En attendant c’est pluie nourrie et calme plat qui nous tiennent compagnie dans le cirque que forment les collines tout autour du mouillage ( terme doublement indiqué ! )