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3 eme étape 6/11 juin
On allonge la foulée

Un peu comme le triple saut qui consiste à sautiller avant de faire un grand bond, Loargann a enjambé Brest/Glénan puis Glénan/Lorient avant de se lancer dans la traversée du Golfe de Gascogne. De quoi rôder la navigation et les manœuvres en solitaire.

 

Comme les prévisions d’arrivée à Gijon, but de l’expédition, sont au milieu de la nuit du 10 au 11, inutile de partir tôt : à 10 heures, dimanche on déroule le gennaker à la sortie de la rade de Lorient. Le vent se cale progressivement travers en fraichissant 15 puis 20 Nds puis 25 dans la nuit, et c’est sous génois et grand voile haute, talonné par une mer bien agitée, que la nuit se passe sans trop de stress, si ce n’est les multiples cargos et pécheurs qui s’ingénient à croiser ma route. Avec radar et AIS ( balise anti-collision ) on a maintenant quand même de bons moyens d’alertes pour s’autoriser de courtes siestes sans trop de scrupules.

 

Ceci dit, pour un peu, je ne naviguais pas en solitaire: un couple de passagers clandestins s’étant invité à bord !
Non, nulle histoire édifiante de nature à alimenter les faits divers des gazettes de pontons, juste une paire de tourterelles égarées au milieu du Golfe de Gascogne et que la perspective de voler toute la nuit contre le vent ne devaient pas enchanter. Mais balloté par la houle et menacé par les embruns, mon esquif dut leur paraitre bien peu engageant, sans compter que nous progressions à plus de 10 Noeuds dans le sens opposé à leur dessein. Nous nous séparâmes donc, et elles reprirent leur dangereux chemin vers le Nord.

 

J’ai croisé dans la nuit un paquebot de croisière, vrai arbre de Noël, qui filait vers la pointe Bretagne. Je me prends à croire qu’outre les « blaireaux » ( qualificatif peu amène j’en conviens pour les passagers de ce genre d’ineptie flottante), le fringant bâtiment porta aussi  mes deux tourterelles, arche de Noé le temps d’une petite halte salvatrice.

 

Le matin du 10 juin est ensoleillé, la mer encore forte mais le vent faiblit et devient un peu instable en force et direction.
Allez, un peu d’exercice pour se réveiller : On hisse le gennaker, puis comme le vent devient plein vent arrière et faiblit, le spi symétrique, puis le grand spi asymétrique. Une bonne révision et aussi l’occasion de vérifier que les trolls ont déserté le bord ( cf. article « la révolte des trolls ») .

 

En milieu d’après-midi les 12 à 15 Nds de vent m’autorisent une arrivée à Gijon avant la nuit mais les prévisions fines m’indiquent un net fléchissement à l’abord des côtes. Et en effet, à quelques milles de Gijon ça « pétolise » ( Nb: « pétole »= »molle »= plus de vent). Finalement, laborieusement, c’est à 3 heures du matin, ce mardi 11, que je tourne les amarres dans le port de Gijon. En général, même à 3 heures du matin, c’est animé en Espagne, mais là il tombe un bon crachin breton et c’est désert. Pire, c’est un crachin qui mouille ( seuls les béotiens pensent que la pluie mouille en Bretagne, les c… dit De Kersauson.C’est moins littéraire mais plus explicite !).

 

Au matin, crachin collant sur Gijon. Dire que je taquinais mes voisins de pontons brestois qui visent le Groenland alors que moi je vais au sud ! Pas bien grave néanmoins, on va se reposer en attendant des jours meilleurs et arpenter Gijon qui semble bien sympathique et dont le centre est à deux pas de la marina.

passager clandestin

Passager clandestin
Au milieu du Golfe de Gascogne

Tourterelle égarée

Loargann à Gijon
ponton visiteur au coeur de la ville

Crachin collant à Gijon

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Commentaires
4 commentaires
  1. MICHEL DUROCHER

    16 juin 2024 à 0h00

    Belle étape qui plus est, en solo ! Et tu as remuer la garde robe. Parfois je suis plus lazy . Et la pétole voit mon moteur engagé. 680h 😅

  2. Michel MAUREY

    16 juin 2024 à 12h27

    Très beau récit. Continues bien ta route. Bons vents.

  3. Luc Montaudon

    17 juin 2024 à 8h07

    Salut l'ami Belle traversée que celle de ton passage du Golfe de Gascogne. Elle a semblé plus agréable que lors de notre périple de Brest à La Corogne. Et tu as toute la place pour toi tout seul, y compris pour étendre ton linge. Comment se passe ta prise de rythme pour l'alternance des nav de jour et de nuit ? En tout cas, je vois que tu me semble bien en forme. Bonne continuation, jeune homme. Édith et moi t'embrassons et attendons ton prochain récit

    1. Captain Fredo

      18 juin 2024 à 14h43

      Pas de problème la nuit avec l'AIS et le radar, deux vaillants équipiers ! A+

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