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De Hierro à Mindelo
Cap au sud de nouveau

La brise s’est levée en cette fin d’après midi du 9 octobre.

 

Allez, c’est décidé, après un dernier avitaillement et quelques effusions avec l’équipage de « La Bonne Dame », cap est mis sur le mouillage de la Punta Agurejo au sud de Hierro, officiellement le point le plus méridional de l’Espagne.

 

Une brise d’une vingtaine de nœuds prend alors l’équipage à froid au sortir du port avec un petit enchaînement d’empannages plus ou moins voulus, le pilote lui aussi ayant du mal à sortir de sa léthargie !

 

Mais à l’abri de la falaise, une fois la pointe de la Restinga passée, le mouillage sera tranquille.
Au matin, l’entame de la traversée vers Mindelo est dominée par des calmes.

 

On en vient à regretter le vent d’hier malgré ses turbulences.

Certains nomment les brises entre les iles des Canaries « los mosquitos » : ça vient sans crier gare, et quand ça pique il est trop tard !
Ce n’est pas agréable car souvent il faut réduire la voilure en catastrophe mais c’est mieux que de faire l’escargot, balloté par la houle !

Le moustique, ça irrite mais le gastéropode, ça lasse …

 

Quelques esprits revanchards vous diront que ça soignera mon impatience chronique.

Je crois que c’est peine perdue, il faut que ça avance !

 

Malheureusement les calmes nous poursuivent.

Parfois quelques heures de bonne brise nous laissent espérer une échappée, jusqu’à 25 nds sous spi symétrique ( le « petit  » spi ) mais systématiquement la pétole tenace nous englue de nouveau rapidement.

 

Pendant 3 jours la moyenne frise les 3 Nds !

A ce rythme il nous faudrait 15 jours pour atteindre Mindelo au Cap Vert.

Plus de temps que n’a mis Yann Guenet, 15 jours avant nous, sur son « Baluchon » dont la longueur de 4 mètres n’atteint même pas la largeur de Loargann !!!

 

J’en profite pour saluer son état d’esprit et sa démarche.

Ce n’est pas parce que le bateau est petit que le marin n’est pas grand, c’est même tout le contraire.

 

Chapeau bas !

 

Enfin dans la journée du 13 octobre le vent daigne pousser au delà de 10 nds .

Avec le grand spi ( 200 m² ) on file presque vent arrière à 6 noeuds et chaque noeud de vent en plus est gratifié d’un noeud de plus vers notre but : le moral remonte !

 

Bon, quelques petits désagréments vont quand même venir très légèrement modérer l’euphorie.

 

Cela m’a néanmoins permis de progresser dans mes analyses sonores.

 

Je m’explique :

Ma tendre et chère me dit souvent : « Le bateau , c’est horriblement bruyant en permanence ! » .

 

Je ne le conteste pas,  je qualifie juste le désagrément acoustique de « sonore » car chaque son a pour le marin un sens.

 

Si bien qu’un « son » annonçant une anomalie ou un « bruit » non identifié me font jaillir de ma couchette.

 

Et là un tapotement contre le coque me déroute :

« tap tap tap tap ….  » .

 

Diantre quelque chose a dû se coincer sous la coque, d’autant que la vitesse du bateau me semble anormalement affaiblie.

 

Je m’équipe de la lampe frontale et penché au dessus du bord je tente de percer les ténébreuses volutes du sillage.

 

Rien …

 

Dans l’hélice ?

 

Rien, je l’ai repliée…

Dans l’hydrogénérateur ?

Non plus.

 

Dans la quille ?

 

Peu probable : le bruit semble provenir des flancs.

 

C’est en levant les yeux et la lampe, que me vient la lumière si j’ose dire :

 

l’écoute de spi a brisé la latte de retenue qui empêche les écoutes de spi de glisser sous le bateau (voir : article « empannage du spi asymétrique ») et est passée sous la coque.

 

Il a fallu nuitamment dégager les écoutes.

 

Ce n’est pas très complexe, mais fastidieux quand on aspire au sommeil du juste !

 

Bon, puisque que l’on est debout, autant faire un empannage .

 

Depuis hier soir l’analyse météo m’incite à piquer plein sud pour trouver du vent.

 

On va aller le chercher !

 

« Si tu ne va pas à Lagardère, Lagadère ira à toi » … et le 14, la tactique semble payante.

 

Vite Mindelo !

 

La course contre la montre pour arriver avant la nuit est gagnée le 16 octobre, grâce à un usage intensif des spis, enfin. Après moult empannages pour se placer dans la zone ventée, les Iles du Cap Vert sont enfin en vue.

 

A quai à 17H locales , on savoure la fin d’une traversée qui a pris une bonne journée de plus qu’escomptée.

 

Hierro
Dernier mouillage

Une nuit calme en perspective avant le départ vers le Cap Vert.

Middle of nowhere à l’ultime sud de « l’Europe. « 

Adieu Hierro
au petit matin

Le 11 octobre, le jour se lève, il est temps de cingler vers le Cap Vert.

 

Le vent est déjà très faible et cela va durer 3 jours !

Alors l’adieu à Hierro, dernier confetti d’Europe, va être très long !

 

Au soir du 11 on voit toujours Hierro derrière nous.

 

Sao Vincente
Cap Vert

On a trouvé et gardé le vent au sud/est de la route directe.

Le spi vient de rejoindre son sac après du bon travail :

 

on arrive avant la nuit !!!

Loargann à quai
Mindelo

Loargann se détend la quille.

Relax du côté du bulbe.

 

Mindelo

Quelques rafales de Nord rentrent sporadiquement dans le port mais c’est calme dans l’ensemble.

Baluchon

Yann Guenet a déjà fait un tour du monde sur Baluchon et entame son deuxième.

4 mètres de long  pour le navire amiral !

Yann , où sont passés l’annexe et l’équipage  ?  😉  .

Tu as tout juste mis deux fois plus de temps que nous pour venir des Canaries : Respect .

 

Baluchon

Derrière Baluchon, Loargann a des allures de Yacht.

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Commentaires
8 commentaires
  1. Cedric Teranga

    29 octobre 2024 à 8h31

    J’ai écrit une petite note moi aussi sur les sons du bateau ! Belle route, les nouveaux maîtrisent le spi maintenant !

    1. Captain Fredo

      31 octobre 2024 à 12h19

      Les sons , ça va . Les bruits ça cloche ;-) . On peut te lire quelque part ? Bien le bonjour à toi et Olivia qui devez souffrir du climat et de l'ambiance parisiens. 30° et beau temps au Cap Vert !

    2. Captain Fredo

      15 novembre 2024 à 18h15

      Bon courage pour affronter la froidure hivernale . Ici , à Fogo / Cap Vert 30° C ! Départ pour la Martinique dimanche ...

  2. Victor

    5 novembre 2024 à 15h03

    Salut, J'ai rencontrer Kassoumay qui m'ont parlé de toi. Je suis équipier actuellement au Cap Vert (Boa Vista pour le moment) et je chercher à naviguer au moins jusqu'à la Terre de Feu. Apparemment vous comptez passer par Magellan et cherchez des équipiers. Si c'est bien le cas nous pouvons peut-être échanger davantage ? Victor

    1. Captain Fredo

      5 novembre 2024 à 20h34

      Bonjour victor . Je t'envoie un mail .

  3. Thomas

    12 novembre 2024 à 19h24

    Encore merci pour ton récit !Je m'en vais le lire à Victor... Histoire de lui introduire une passion, soit pour les récits, soit pour l'aventure, ou bien les deux !

  4. Victor Bonaccorsi

    12 novembre 2024 à 19h58

    Bonjour Frédéric, c'est Victor.Mon père m'a connecté à ton blog et je peux te lire et t'envoyer des messages pour te féliciter et pour t'aider. Pour toi j'ai regardé météoblue et j'ai vu que toute la semaine il y aura du nord est et pas du sud est pour que tu sois vent de travers pour l'amérique.Donc profite bien du temps qu'il te reste sur cette île.Victor

    1. Captain Fredo

      15 novembre 2024 à 18h13

      Salut Victor , champion du web ! En effet les alizés soufflent du Nord Est c'est donc idéal pour aller en Martinique . Départ prévu dimanche matin avec Arthur , un équipier qui arrive demain à Fogo / Cap Vert , où je me trouve actuellement . A bientôt

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